Entreprises et Alumni
Directrice Marketing chez Dessange et Alumni de l’ISC Paris, Marie-France Delachaux, 42 ans, nous parle de coopération, d’exemples inspirants et de vision à long-terme.
Coopération. C’est l’un des termes qui ressort le plus souvent lorsqu’on échange avec Marie-France Delachaux. Elle prend pour exemple ce qui nous entoure et nous fait vivre : la nature et ce qu’elle compte de petits êtres, la fourmi et le puceron par exemple, qui fonctionnent en symbiose mutuelle. L’exemple peut prêter à sourire, pourtant il est d’une simplicité et d’une évidence qui font réfléchir. Et Marie-France de citer l’auteur et conférencier Pablo Servigne qui notait qu’en temps de crise, on finit toujours par collaborer. “La coopération sera un outil du changement”, complète-t-elle. Une démarche commune donc, où l’entraide et le lien social sont des socles fondamentaux.
“La coopération sera un outil de changement.”
Pourtant, l’initiative part toujours de l’individu. Lorsqu’elle fut contactée pour un entretien, la jeune quarantenaire blonde, coupée à la garçonne et active à La Louve dans le 18ème arrondissement de Paris, a immédiatement donné suite avec un entrain certain ! “Il fallait que j’agisse pour faire changer les choses” explique-t-elle avec sincérité quand elle évoque le début de son engagement.
Lors d’un séjour en Afrique du Sud, elle est profondément marquée par la pénurie d’eau qui frappe le pays de Mandela. Une tristesse qui se transforme en volonté d’action, et avant tout de s’informer. Marie-France recherche, lit, tente de comprendre ce qu’elle ne connaît que de loin. L’émotion laisse place à une démarche réfléchie, concrète, organisée. De là naîtront plusieurs initiatives concrètes au quotidien.
On est d’ailleurs frappé par sa connaissance des chiffres, partagés sans prétention, mais comme une illustration et un socle pour penser son engagement et ses actions…
“Quand on se renseigne et qu’on s’informe, on contaste que nous n’avons plus le choix…”
Les chiffres ne mentent pas. Ceux de la pauvreté, ceux des inégalités, ceux de l’avenir de la planète. Marie-France, qui travaille au sein de l’un des fleurons du secteur privé français, en est d’ailleurs convaincue, les entreprises doivent changer maintenant pour assurer leur pérennité. C’est l’avenir d’une planète commune qui est en jeu.
Est-ce l’effet du confinement, de la pandémie mondiale qui nous frappe, des alertes qui se multiplient ? Les attentes des consommateurs changent. Marie-France le constate au quotidien à travers son poste de Directrice marketing : la démarche RSE d’une marque, d’une entreprise, occupe désormais une place grandissante dans les motifs de choix des consommateurs : “les consommateurs ont une puissance énorme au final”.
Pourtant, Marie-France le souligne très justement : ” le cerveau humain n’est pas fait pour réagir à un horizon de 50 ans.” De là, un constat : la nécessité de s’adapter. “Les entreprises qui ont le mieux vécu les crises sont celles qui savent s’adapter…”.
Au-delàs des mots, Marie-France le sait, la réalité est parfois beaucoup plus difficile à faire évoluer. Elle ne porte d’ailleurs aucun jugement et le reconnaît : “Je ne suis pas parfaite ! Chacun fait ce qu’il peut et comme il peut”. Elle croit à la force de l’exemple. Elle participe au mouvement 1 Déchet Par Jour et fonde la démarche parisienne qui regroupe associations et citoyens pour réaliser des ramassages de déchets. “Le but est avant tout de sensibiliser chacun de nous par l’intermédiaire des réseaux sociaux et de montrer que l’on peut très vite avoir un impact autour de soi.”
“Les réseaux sociaux nous montrent l’impact que l’on peut rapidement avoir dans son environnement.”
Marie-France s’émerveille également en parlant de La Louve, ce supermarché coopératif d’un nouveau genre situé dans le 18ème arrondissement de Paris. Une coopérative où chacun donne de son temps et fait vivre ce lieu dans une démarche collaborative, sans objectif de profit mais avec l’enjeu de nourrir les gens : “ça change tout dans la pratique” sourit-elle.
“Ne regrettons pas de ne pas avoir agi” serait peut-être le mot de la fin. Elle le reconnait, ses amis s’amusent parfois de cet engagement dont tous ne saisissent peut-être pas l’urgence. Pas de jugement non plus. “Parfois, on a tout simplement d’autres centres d’intérêts, d’autres réflexes, on n’est pas dans une phase de sa vie où l’on peut changer…”. D’ailleurs, elle ajoute que la loi doit donner un cadre pour accompagner entreprises et citoyens dans leur démarche de changement, “sinon, c’est très compliqué de changer”.
Engagée mais compréhensive, Marie-France conclut néanmoins avec une pointe de malice : “Ma plus grande victoire, c’est quand un collègue ou un ami vient me dire “Regarde, ça y est, je me suis acheté une tasse pour mon café au bureau… !”
Erin Brokovitch, seule contre tous.
Jean-Marc Jancovici
“Le changement c’est maintenant !”